Poème "Famine"

lundi 12 janvier 2004.
 

FAMINE

Il fait jour, nuit, jour ou nuit
Qu’importe, la clarté jaune sale
Est peut -être celle qui suit l’aube,
Ou précède la nuit.
Elle est là au milieu des champs nus, si nus
A un vol de corneilles des coupoles de Sainte SOPHIE
-s’il restait un seul oiseau en vie -
Parmi ses haillons, elle porte un enfant,
Et marche, mécanique désespérée, droit devant elle.

Ô Tarass, Tarass, bel enfant blond, mon amour,
L’an dernier, Babtsia te balançait encore entre les cerisiers
Joie, Bonheur,... Roman fauchait près de moi ;
Mais Babtsia...ma mère...maman, où es-tu ?
Tu es restée, je crois, dans la maisonnette très loin,
Ce soir, où -enfin - les larmes ont cessé dans tes yeux aveugles,
Roman est parti pour ramener très vite,
Du pain noir et chaud, et du lait, pour toi, mon amour....

DIEU, O DIEU, on te dit là bas très haut,
Protègé par le ciel tout entier...
Je ne croyais dans notre église, près des icônes dorées,
Pour nous aider, nous préserver...
Et lorsque tout CELA est arrivé, pas un souffle n’est venu
De l’Eglise, où il ne reste plus personne pour prier.
BOJE, BOJE, tu es injuste, menteur, cruel...
Que tu ais pris Babtsia et fait partir Roman...

Là, là, mon tout petit, reste au chaud près de mon cœur, Il n’y a plus que Toi et Moi, et la PEUR
Les voisins, les amis ont disparu,
L’ HORREUR les a emportés ... où, je ne sais pas.
Tarass, Tarassenkou, nous allons bientôt voir surgir Tato,
Et le pain - cette odeur de pain la fait gémir -
Et le lait pour TOI, mon aigle, mon petit cosaque

Mais, toi, DIEU, tu te tais.... Tu as envoyé la Faim
Sur terre pour donner la souffrance et la Mort.
Combien de maisons as-tu vidées ; Pourquoi, pourQUOI ? pourquoi ,
Babtsia...oui...s’il le fallait ; Roman, je ne peux pas ...
Mais Tarass qui est là , contre mon sein vide,
Tarass si gentil, et qui ne pleure plus.

DIEU, JE TE MAUDIS

La femme regarde les yeux gris de son enfant ... vides...elle a compris.
Avec un rire dément, elle court vers une broussaille.........
manger !
Mon enfant, mon amour
........
manger ! !!
IL a pris aussi mon fils
........
manger !!!
Je n’aurais plus mal
.......
Manger !!!
Vivre encore un peu..........
MANGER !!!! !

Evguènia Stépanivna
Janvier 1990

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