La création du Comité Ukraine 33

dimanche 11 janvier 2004.
 

(GIF) Pour expliquer pourquoi UKRAINE 33 ne vit le jour qu’en 1987, nécessite de retourner un peu en arrière.

Bien sur tout le monde savait, plus ou moins, que ce XXe siècle avait été particulièrement sanglant.

Bien sur l’Holocauste juif avait été mis à jour, et de plus en plus, largement porté à la connaissance des peuples par les journaux, livres, films en salle, à la télévision, documents largement diffusés, conférences, et c’est ainsi que nous l’avons découvert, peut être en lisant, larmes aux yeux, Le journal d’Anne Frank.

Et puis nos amis arméniens nous ont raconté le calvaire de 1915 : beaucoup de ceux qui ont survécu, sont morts mais ils avaient raconté et, peu à peu, chaque mois d’avril, ils ont été de plus en plus nombreux à manifester , à rappeler le martyr de leur peuple, à exiger qu’il soit reconnu par les gouvernements, qu’enfin l’HISTOIRE le prenne en compte.

Souvent, nous avons entendu dire par les uns et les autres que CHAQUE PEUPLE A DROIT A LA MEMOIRE ET A SON HISTOIRE . Et aussi que CELUI QUI N’A PAS SON HISTOIRE, SA MEMOIRE NE PEUT AVOIR D’AVENIR. Et nous y avons souscrit...

Et puis il y a peu ( 20 ans, à peine ) certaines de nos femmes ukrainiennes les plus âgées - de celles arrivées en France après la Deuxième guerre mondiale, se hasardèrent à parler d’une famine terrifiante dans les années 1930, de morts innombrables dans un pays aux moissons si riches, à la terre si généreuse.

Cela se passait d’abord dans les campagnes - certains villages « vidés » presque à 100% - puis on vit les gens mourir dans les grandes villes aussi . Et il vint un moment où la rumeur devint plus fréquente....

Et c’est à ce moment que les plus « jeunes » de cette émigration d’après guerre, ne voulurent plus qu’on parle de ces évènements... en fait, on parla de « cannibalisme » : d’abord on a mangé les cadavres, puis certains en étaient arrivés à voler des enfants, pour vendre leur chair... et l’Horreur, : des parents de familles nombreuses, se concertant, tard la nuit, pour savoir lequel « endormir » pour que les autres survivent.

A cette époque, l’UNION SOVIETIQUE avait largement stigmatisé les moeurs barbares de l’UKRAINE... et longtemps après continuait de culpabiliser les survivants de cette FAMINE GENOCIDE provoquée, et entretenue jusqu’en 1937, toutes frontières bloquées, évidemment.

Comment ne pas comprendre cette honte des survivants qui savaient que les leurs avaient été leurs propres BOURREAUX... et peut être , quand même aussi VICTIMES - Quand on leur oppose que la VRAIE VICTIME est totalement « innocente » de ce qui lui arrive.

Alors, le chagrin pour ces victimes sans sépultures, nous a incités à LYON , à en savoir plus, à comprendre . Et c’était insoutenable, car le monde entier avait su ce qui s’était passé en UKRAINE dans les années 30 - Nous avons retrouvé des journaux de l’époque, nous avons su que des Livres Blancs avaient été écrits pratiquement dans tous les grands pays ( LIVRE BLANC DU CONGRES AMERICAIN, LIVRE BLANC DU FOREIGN OFFICE ,Archives allemandes, etc., etc.) Curieusement dans notre pays d’accueil, la France , très peu de choses ( en dehors des journaux de l’époque) - Tout simplement parce que le « grand » Edouard HERRIOT, en U.R.S.S ,( il y était parti pour signer des accords commerciaux) avait traversé très rapidement l’UKRAINE. De ce pays à l’agonie, il n’avait vu que de villages « Potemkine ». De retour en France, il avait affirmé avec force et conviction « LORSQUE L’ON SOUTIENT QUE L’UKRAINE EST DEVASTEE PAR LA FAMINE, PERMETTEZ MOI DE HAUSSER LES EPAULES  ».

La seule chose à faire était de s’organiser pour donner le plus efficacement possible l’information pour qu’enfin , un jour, peut être, l’UKRAINE ait, elle aussi, droit à SON HISTOIRE ET A SA MEMOIRE.

La première chose à faire était de réunir la communauté ukrainienne de LYON pour parler et décider de la création d’un Comité ; ce fut chose faite sous la Présidence de Mgr Michel WASYLYK, vicaire général des ukrainiens à l’époque, et du chanoine Louis PERRIN, théologien journaliste et éminent ami de l’UKRAINE .

Tout le bureau fut élu à bulletins secrets en 1987 : furent choisis

-  Guènia CUZIN en tant que Présidente,
-  Sahag SOUKASSYAN, Vice Président, etc.
-  Le Président d’honneur et parrain du Comité fut le Cardinal DECOURTRAY

qui accepta cette "charge" avec ferveur.

Après une recherche ardue de documents et témoignages complémentaires le Comité décida d’organiser des conférences débats en s’appuyant sur la base d’un film exceptionnel LES MOISSONS DU DESESPOIR.

Bien sur, il n’y a pas qu’à LYON que les consciences ukrainiennes se concertaient sur l’horreur de cette FAMINE GENOCIDE DE 1933 : dans l’Est de la France, à TOURS, et bien sur à PARIS des historiens, journalistes, professeurs de lycées et d’universités essayaient - tant bien que mal - de percer cette « conspiration du silence »...

L’exemple de nos amis arméniens nous a appris qu’il fallait une longue patience, une forte détermination pour avoir l’espoir de récupèrer une HISTOIRE que nos anciens ont pourtant réellement écrite de leur sang et de leur souffrance.

La première célèbration de la FAMINE DE 1933 sur la terre d’UKRAINE eut lieu en Septembre 1993 à KIEV : certaines archives secrètes livraient leurs chiffres : terrifiants ! Mais il n’était pas question de faire de la surenchère à qui totalisait le plus de « martyrs » ; l’actualité nous livrait en direct des images révoltantes : images de massacres (bien sûr) mais utilisation de ce que l’écrivain Muriel PERNIN a appelé l’ARME DES TYRANS : LA FAMINE ( 1992 - Grand Prix du livre Jeunesse).

Car en fait la FAMINE délibérée, utilisée comme arme de destruction ( « peu coûteuse » et même « écologique ») n’a JAMAIS été stigmatisée et mise à l’index très sérieusement par les Politiques du Concert des Nations... Trop d’intérêts « importants » sont en jeu.

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