pRISE DE PAROLE DE Mr HAPIAK ,le 23.11.2013, 80° ANNIVERSAIRE HOLODOMOR

vendredi 29 novembre 2013.
 

Holodomor 2013

Pour se replace dans le contexte de l’Ukraine en 1932-1933 il ne faut pas oublier qu’elle avait été intégrée de force 10 ans auparavant à la toute jeune Union des Républiques Soviétiques. Les années 20 sont marquées par la NEP qui permet un assouplissement dans le domaine économique et culturel. Ainsi les paysans ukrainiens peuvent-ils vendre leurs surplus sur les marchés. Parallèlement un processus « d’ukrainisation » se mit en place à travers la presse, le cinéma et même les jeunesses communistes. Mais Staline comprit rapidement que cette liberté nouvelle favorisait les aspirations nationales et après s’être débarrassé de Trotski en 1929, mit un terme à la NEP. Le 1er plan quinquennal prévoyait le passage la collectivisation forcée et la dékoulakisation c’est-à-dire l’élimination des paysans considérés comme riches (en fait sous ce nom on a désigné ceux qui s’opposaient à la collectivisation). Staline ne pouvait se permettre de perdre l’Ukraine qui nourrissait l’ensemble des populations soviétiques. Il devait briser toute résistance et pour cela employa la pire arme : la famine.

Il imagina alors toute une série de mesure pour réduire toute opposition et faire disparaître la paysannerie ukrainienne qui abritait encore l’identité du pays. La 1ère étape de son plan macabre intervint le 7 août 1932 par la loi sur « la défense de a propriété socialiste », qui prévoyait l’exécution pure et simple ou au minimum une déportation en camp pour une simple poignée de grains prise dans un champ. D’où son nom de loi des cinq épis. Après la récolte de 1932 des brigades sont envoyées pour confisquer le blé des paysans. A la fin de l’automne 1932 le pouvoir inscrit sur des listes noires les villages qui n’ont pas rempli les quotas ; après confiscation de toutes les denrées, ils sont encerclés par les agents du NKVD qui empêchent tout contact avec l’extérieur. Les villageois sont alors condamnés à une mort lente mais inexorable. Ceux qui tentaient de trouver le salut en ville étaient irrémédiablement renvoyés dans leur village ou mourraient à petit feu dans un wagon qui ne partait jamais. Qu’est-ce qui fait la spécificité du Holodomor ? La famine ukrainienne n’est pas la seule de l’histoire de l’URSS : entre 1931 et 1933 au Kazakhstan 1.5 M de personnes soit 1/3 de la population est morte de faim, en Sibérie occidentale plusieurs centaines de milliers. C’était la conséquence directe mais pas programmée de la collectivisation forcée. La grande famine de 1932-33 se singularise à la fois par le nombre des victimes qu’il reste encore aujourd’hui difficile d’établir (Stéphane Courtois dans le Livre noir du communisme avance au moins 6 M de morts) que par son intentionnalité. Les autorités soviétiques, et Staline en tête, savaient non seulement que l’Ukraine se mourrait mais ont accéléré le processus en intensifiant les réquisitions, en refusant l’aide internationale et en continuant d’exporter des céréales.

Pour les raisons que nous avons déjà évoquées c’est la paysannerie ukrainienne et elle seule qui fut touchée. La supprimer c’était régler le problème national. Faire mourir les paysans ukrainiens, détenteurs de l’identité nationale, c’était s’assurer la main mise sur les richesses de l’Ukraine. Cette famine n’avait donc rien de naturel, elle n’était ni un accident météorologique ni les conséquences involontaires de la collectivisation mais bien un programme d’élimination de toute une population, ce qui s’appelle un génocide.

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