Le Premier ministre Stephen Harper a fait aujourd’hui la déclaration

jeudi 28 octobre 2010.
 

Le Premier ministre Stephen Harper a fait aujourd’hui la déclaration suivante à l’Université catholique d’Ukraine, à Lviv dans ce pays : 26.10.2010

« Je vous remercie beaucoup, chacun d’entre vous, pour votre accueil très chaleureux. Merci, père Gudziak, de me permettre de venir en ce lieu et de me trouver ici aujourd’hui. Je suis heureux de me trouver parmi vous.

« Je voudrais d’abord souligner la présence de certains de mes collègues parlementaires et amis qui m’ont accompagné jusqu’ici depuis le Canada. En premier lieu, la sénatrice Raynell Andreychuck, qui a dirigé une mission d’observation lors des dernières élections ukrainiennes ; puis le député Mark Warawa, président du Groupe d’amitié Canada-Ukraine ; enfin, le député James Bezan, secrétaire du même groupe.

« Le père Gudziak a mentionné aujourd’hui qu’il existe de forts liens interpersonnels entre les deux pays.

« Des Ukrainiens ont immigré au Canada depuis plus de 100 ans et plus de 1 200 000 Canadiens ont une origine ukrainienne, soit environ 4 % de la population. Et ce pourcentage est beaucoup plus élevé dans les Prairies canadiennes où j’habite. Cette région du Canada ressemble à certaines de l’Ukraine et on peut y relever autant de patronymes ukrainiens que dans la distinguée délégation qui m’accompagne ici.

« Il s’agit presque d’un retour au bercail pour eux. Partout où nous allons, nous constatons l’hospitalité remarquable pour laquelle les Ukrainiens sont renommés à juste titre.

« Nous avons eu des entretiens productifs avec votre gouvernement. J’aborderai plus loin un volet de nos discussions susceptible de vous intéresser. Mais auparavant, j’aimerais vous entretenir d’un certain nombre de sujets, de valeurs et de principes très importants qu’ont en commun le Canada et l’Ukraine.

« Lorsque l’Ukraine a déclaré son indépendance, soit en 1991, le premier pays occidental à reconnaître son statut de pays souverain a été le Canada. Vous pouvez vous demander pourquoi il a été aussi rapide à le faire. Pourquoi cette hâte ? Car nous n’avons pas attendu très longtemps. Vous avez déclaré votre indépendance le 1er décembre. Le lendemain, nous avons reconnu votre gouvernement et votre État. Avant même que l’Union soviétique n’ait cessé d’exister officiellement.

« Pourquoi ? Nul doute, certains d’entre vous ici présents ne se souviennent pas de la guerre froide. Je peux vous affirmer que ceux d’entre nous ici qui s’en souviennent ont poussé un énorme soupir de soulagement lorsque le communisme soviétique a été finalement et irrémédiablement discrédité. L’idéologie communiste avait prétendu remédier à tous les maux de l’humanité. Elle a connu une seule difficulté : avant d’opérer ses miracles, elle devait emprisonner ou tuer toute personne qui n’était pas de son avis. Des millions de personnes ont ainsi été tuées et des millions d’autres affamées. Ce sont des événements passés qui ne doivent pas tomber dans l’oubli, qui ne doivent jamais être balayés sous le tapis.

« J’ai visité aujourd’hui le mémorial Holodomor.

« L’Holodomor a été reconnu comme un génocide par le Parlement du Canada, il y a deux ans. Et cela, en bonne partie grâce au travail de mes collègues du caucus, en particulier de James Bezan qui a présenté le projet de loi. Je ne vous apprendrai pas que presque autant d’Ukrainiens sont décédés au cours de la famine Holodomor des années 1930 qu’il y avait de Canadiens et de Canadiennes vivant à l’époque. Quand on réfléchit à un acte de malveillance d’une telle ampleur, on ne peut qu’en rechercher la nature profonde. Voilà pour les prétendus idéaux communistes !

« Au cours de toutes ces années et décennies, des milliers de Canadiens et de Canadiennes d’origine ukrainienne ont saisi toutes les occasions pour souligner à l’Occident l’oppression soviétique. Ils le faisaient parce qu’ils savaient trop bien que leurs camarades en Ukraine ne jouissaient pas de la même liberté qu’eux. Parmi l’avant-garde ukrainienne au Canada figurait un parlementaire torontois nommé Yuri Shymko, descendant d’Ivan Franko qui, je le sais, est révéré dans cette ville et dans tout l’Ouest ukrainien.

« Oui, les Canadiens et les Canadiennes se sont réjouis en apprenant que l’idéologie du communisme soviétique était reléguée au dépotoir de l’Histoire. Et lorsque l’Ukraine a retrouvé sa liberté, nous étions totalement prêts à tendre la main à ceux qui avaient dû supporter le communisme durant toutes ces terribles années.

« À part les liens de parenté qui existent entre le Canada et l’Ukraine, il y a des valeurs et des principes importants à promouvoir. Nous, Canadiens et Canadiennes, croyons qu’un gouvernement doit travailler dans l’intérêt de sa population, et non pas l’inverse ; que les pays qui respectent les droits de leurs citoyens sont plus enclins à respecter ceux des autres pays et à se comporter en bons citoyens dans le monde.

« Nous croyons aussi que les pays dont les citoyens savent ce que fait leur gouvernement et peuvent les tenir responsables de leurs gestes sont moins enclins à faire la guerre à leurs voisins que ceux où le pouvoir repose entre les mains d’une classe dirigeante qui n’a de compte à rendre à personne. Il existe toutefois des exceptions. Il y a eu des exceptions. Il y en aura toujours. Mais les exceptions font la preuve d’une règle générale. Si on recherche la paix, alors il faut s’en remettre à une société libre et démocratique.

« C’est pourquoi la politique étrangère du Canada repose avant tout sur la promotion de ces valeurs : liberté, démocratie, droits de la personne et primauté du droit ; et toutes les institutions qui les accompagnent : droits de propriété, appareil judiciaire impartial et, par-dessus tout, liberté d’expression et de presse. La liberté au service de laquelle Gongadze est devenu un héros.

« À nos yeux, chacun de ces éléments, à savoir la liberté, la démocratie, les droits humains et la primauté du droit, est indissociable des autres. Mais le premier est la liberté. Lorsque l’Ukraine a gagné sa liberté, les Canadiens et les Canadiennes ont été les premiers à se réjouir.

« Nous avons cherché à être autre chose que des spectateurs. Amis de l’Ukraine, nous avons pris certaines mesures pour vous accompagner vers une réforme démocratique, tant sur le plan gouvernemental que sur celui, officieux, d’organisations communautaires et commerciales. Premièrement, nous avons amené la mise en place d’ambassades et de consulats dès l’indépendance de votre pays. Témoignage de vos cousins canadiens, l’ambassade ukrainienne ouverte à Ottawa a été en bonne partie payée par la communauté ukraino-canadienne, tellement celle-ci est active.

« Depuis, trois de nos gouverneurs généraux se sont rendus en Ukraine tandis que deux de vos présidents sont venus au Canada à la tête de délégations.

« Et je suis fier de souligner que les Canadiens ont à maintes reprises participé en tant qu’observateurs aux élections ukrainiennes, soit en 2004, en 2006, en 2007 et encore une fois cette année.

« Les Canadiens et les Canadiennes sont heureux de jouer un rôle dans les élections, car c’est quand une population choisit son gouvernement que la liberté devient plus qu’un mot.

« Nos gouvernements ont eu de nombreux contacts au niveau opérationnel, et l’Agence canadienne de développement international a mis sur pied des programmes visant à encourager les petites entreprises. En fait, nous annonçons aujourd’hui six projets supplémentaires visant à favoriser la croissance et à stimuler les exportations de céréales. Nous tentons également de conclure avec votre gouvernement un accord de libre-échange qui aura une importance historique. Nos économies se complètent de plusieurs façons, et il est possible de tirer profit de nos liens historiques et linguistiques pour stimuler l’investissement commercial et créer des emplois.

« Le commerce crée de la prospérité pour tout le monde et il offre de grands débouchés aux jeunes qui, comme vous, adoptent une perspective mondiale. J’ai dit plus tôt qu’un élément de l’actuelle série de pourparlers avec votre gouvernement devrait revêtir un intérêt particulier pour votre population. Pendant de nombreuses années, nos deux pays disposaient d’un programme grâce auquel 50 étudiants universitaires ukrainiens venaient travailler au Canada chaque année comme stagiaires au Parlement pour en apprendre le fonctionnement. Je suis heureux de vous annoncer que, hier, nous avons poussé l’idée encore plus loin et hors de la sphère gouvernementale.

« Hier, notre gouvernement a signé un accord sur la mobilité de la jeunesse pour que les jeunes Canadiens et Ukrainiens puissent voyager et travailler plus facilement dans l’un et l’autre pays. De toute évidence, nous, Canadiens, souhaitons garder forte et dynamique notre relation étroite avec l’Ukraine. Nous aimerions que beaucoup d’entre vous viennent au Canada, tant pour y travailler que pour s’y amuser. Tout ce que nous vous demandons en retour, c’est de nous en apprendre davantage sur l’Ukraine et de faire part de votre expérience avec vos amis. Écrivez sur Twitter sur ce que vous voyez et affichez sur Facebook vos photos du Canada ! Vous pouvez contribuer ainsi à consolider notre amitié.

« Mesdames et Messieurs, permettez-moi de conclure sur une réflexion. Votre pays traverse une période de transition depuis 20 ans. Tout comme personne ne pouvait prédire les événements des deux dernières décennies, personne ne peut prédire ceux de l’avenir. Nous vivons à la meilleure époque qui soit.

« En fait, quand je regarde autour de moi, je me rappelle un poème. " Qu’il faisait bon d’être vivant à l’aube, et être jeune était divin. " Ce que votre pays deviendra, comment il répondra aux coups de l’histoire future et comment vous vivrez ne dépend que de vous et de votre génération. De belles choses et de grandes décisions vous attendent. Votre destin reste à construire.

« Je tiens donc à dire ceci aux braves jeunes gens de l’Ukraine.

« Au moment où vous commencez votre vie professionnelle, rappelez-vous que vous avez des amis au Canada. Des amis qui respectent et admirent le cri du cœur de l’Ukraine pour la liberté, son esprit d’autonomie nationale et le courage de sa population, un courage qui ne l’a jamais quittée, même au plus sombre de sa longue histoire.

« Comme Chevtchenko l’a écrit, je le cite : “ Battez-vous et vous triompherez, car Dieu est avec vous. Les récompenses sont la gloire, la vérité et la chose la plus sacrée, la liberté. “

« Je me réjouis à la perspective de vous rencontrer tous et vous souhaite bonne chance dans l’avenir. Slava Ukraini ! Slava Canada ! »

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