83° COMMEMORATION DU HOLODOMOR à LYON 26.11.16

jeudi 29 avril 2021.
 

HOLODOMOR 1932/33

C’est pour rendre hommage , à tous ceux qui ont réussi à à survivre, et aux millions de martyrs , dont les ossements sont mélangés à la terre des chemins dans le Nord Est de l’UKRAINE.

Les témoignages que je vais lire, on les doit à un couple d’historiens ( Lydia et Volodymyr MANIAK ). A la fin des années 80, à la faveur du rétablissement d’une certaine liberté de presse sous GORBATCHEV, ils lancent un appel à témoins en direction des derniers survivants de la Famine Génocide. Ils recueilleront plus de 6000 témoignages, dont ils publieront 450 en 1991 ( projetant de publier les autres par la suite).Hélas, tous deux mourront "tragiquement" à quelques mois d’intervalles. Quelques temps après, les exemplaires non vendus , en UKRAINE, furent rassemblés et brulés à KYIIV jusqu’au dernier ( témoignage du Pr Mykola S.......... , également historien). Et pourtant l’UKRAINE était indépendante

TEMOIGNAGES RECUEILLIS dans le Nord Est de l’UKRAINE :

Tetiana OSEPIVNA :..nous étions de plus en plus enflés par la faim ( le ventre, les jambes ).Ma mère faisait de la soupe de racines sauvages, et de paille broyée ; aussi nous ramassions des fleurs d’acacias pour les faire cuire à l’eau....Malgré tous nos efforts ( nous étions aussi tellement épuisés par manque de nourriture) notre famille ne put échapper longtemps aux griffes de la mort. En 32, mon père à 50 ans mourut le premier, suivi de mon frère ainé Stéfan - Début 1933 , maman les rejoignit ( elle était pourtant plus jeune que papa...Une nuit, mon plus jeune frère, Wasyl, disparut mystérieusement. Les quelques hommes qui restaient au village passaient chaque matin ramasser les cadavres ( avec une charrette ) vidaient les défunts ( sans cercueils, ni linceuls) dans un trou creusé hâtivement, et les recouvraient d’un peu de terre. Il n’y avait pas de croix, pas de noms. J’étais moi même à moitié inconsciente et je ne sais pas ou repose ma famille. Des gens d’un kolkhoze voisin sont passés, m’ont recueillie, presque morte ; au bout de plusieurs mois je suis revenue dans le monde des vivants. Je ne suis jamais retournée dans mon village ; on m’a dit qu’il ne restait plus âme qui vive.

Liouba ARIONIVA ....notre famille comprenait mes parents et 7 enfants ...ont survécu ma plus petite sœur Polina, et moi..dans notre village, les autorités ont fait venir des "brigades" qui à tout moment pouvait venir, enfoncer la porte, et tout prendre. Maman avait pu se procurer un peu de "grains" variés. Les avait moulus, et fait cuire 2 galettes plates. On entend arriver. les membres de la brigade ; maman nous met une galette sous le bras ( à ma sœur et moi). lES BRUTES JETTENT TOUT PAR TERRE. puis d’un coup nous secouent par les bras, et les galettes tombent . Ils s’en emparent, malgré les supplications de maman, qui à genoux les supplient de nous laisser un peu à manger.Ils partent en s’esclaffant qu’ils ont aussi des enfants qui ont faim.. 2 jours après maman ne se réveille pas. Après que la charrette l’ait emmenée, des lointains voisins qui avaient des enfants, viennent nous chercher, prétendant pouvoir s’occuper de ma petite sœur et de moi. Sur le chemin, un des hommes de la brigade ( seul pour une fois les interpelle et leur ordonne de nous laisser tranquilles. Ils nous emmènent au kolkhoze, ou j’aide à la cuisine ; je peux ramener ( malgré l’interdiction) de quoi empêcher ma sœur de mourir. Je n’ai jamais oublié les visages de tous ceux de notre famille, morts, et jetés je ne sais ou. J’ai appris longtemps après que les gens de la brigade avaient trouvé, dans le sol des gens qui voulaient s’occuper de nous, une grande quantité d’ossements d’enfants ( certainement aussi ceux de leurs propres enfants ).

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