reflexions sur l’AVANT et le PENDANT "HOLOMOR"

Wednesday 11 August 2010.
 

et Au lendemain du coup de force de Novembre 1917 à Petrograd ( St-Pétersbourg, la ville de Pierre le Grand ), les bolcheviques de Lénine ( qu’on appellera plus tard communistes ) affermissent leur prise de pouvoir sur les cendres du régime tsariste tombé en Mars. Ces 6 et 7 Novembre seront appelés la « Révolution d’Octobre » puisque la vieille Russie suivait encore le calendrier Julien ( conçu sous l’égide de Jules César ).

Alors que toute l’Europe est en guerre, Lénine signe en hâte une paix séparée à Brest-Litovsk, concédant d’énormes territoires, afin de sauver sa révolution. Mais il doit faire front de toutes parts, face aux opposants au régime dictatorial qu’il instaure. Travail forcé, réquisitions, répressions et exécutions orchestrées par « l’Armée rouge » de son ami Trotski, viendront péniblement à bout, en 1920, de cette véritable guerre civile entre Rouges et Blancs qui fera des millions de morts, auxquels s’ajoutent les victimes de la famine dans les campagnes.

En Mars 1921, Lénine annonce une « Nouvelle Politique Economique » ( NEP en russe ) où l’Etat reste propriétaire des terres et des outils de production mais où une petite parcelle privée est consentie aux paysans qui redressent enfin la tête. Certains même, les Koulaks, s’enrichissent.

A la mort de Lénine, son successeur Staline va opérer un retour en arrière par peur de l’instauration d’une bourgeoisie qui menacerait, à terme, le bolchevisme. C’est la « dé-koulakisation » et la mise en œuvre d’un plan quinquennal ( 1928 - 1933 ) draconien. Pour acheter des machines à l’étranger, il a besoin d’exporter un maximum de céréales et, pour cela, multiplie les réquisitions forcées chez les paysans. La collectivisation brutale des terres, sous la houlette de « kolkhozes » ( coopératives géantes ) et de « sovkhozes » ( fermes modèles ) va entraîner une chute de la production et mener, une nouvelle fois, les paysans à la famine. Toute la production agricole est réquisitionnée de force et dirigée vers l’exportation afin de montrer aux capitalistes, en proie à la grande crise de 1929, que la dictature du prolétariat est la solution pour le bien des peuples.

C’est en Ukraine, rebelle aux mesures, que la famine va sévir le plus durement, d’autant que Staline ( surnom qui veut dire Homme d’acier en russe ) y orchestre une répression sanglante et des confiscations systématiques de nourriture. Staline avait comme lieutenants stakhanovistes les Molotov, Kaganovitch et Vorochilov. Pas des tendres ! Cette famine entretenue par le pouvoir central, nommée « Holodomor » en ukrainien, conduira la population à glaner quelques épis, à ronger des carcasses d’animaux et des racines pour survivre. On cite des cas de cannibalisme, des enfants abandonnés à leur sort, 25.000 morts par jour en Ukraine et au Kazakhstan, alors que le gouvernement ( qui a supprimé la NEP ) confisque et exporte près de 2 millions de tonnes de céréales.

Le point culminant de l’horreur survient le 07 Août 1932 lorsque parait la « Loi des épis » qui punit de 10 ans de déportation dans des camps, voire de la peine de mort, « tout vol ou dilapidation de la propriété socialiste » y compris le simple vol de quelques épis de blé dans un champ.

Holodomor, la grande famine d’Ukraine de 1932-33, artificiellement et cyniquement entretenue par le « petit père des peuples », fera 5 à 7 millions de victimes innocentes ( certains affichent 10 M ). Le mot Holodomor, d’ailleurs, veut dire aussi « génocide » car c’est bien d’un génocide qu’il s’agit, même si peu de pays au monde l’ont reconnu, à l’instar du génocide arménien, nié par la Turquie.

On sait aujourd’hui que la dé-koulakisation ( sur laquelle les pays occidentaux ont fermé les yeux ) a été un instrument pour lutter contre le « nationalisme » de certaines régions, en particulier de l’Ukraine et des régions cosaques du Don et du Caucase. Pourtant, ces régions satellites de la Russie retrouveront quand même la liberté de s’auto-gérer mais il faudra attendre la chute de l’Union Soviétique en 1990.

En somme, 6 millions de morts pour rien.

Publié par Papyves à 08:20:58 dans Faits politiques. | Commentaires (2) | Permaliens

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